Lorsque mes enfants, âgés de 12-13 ans, me demandèrent à moi, leur romaniste de mère, d’analyser des phrases P1, P2 avec CDV ou GNprép », je fis « slurp !? » et fus bien marrie : comment expliquer ce que je ne comprenais plus. Le français était devenu du chinois, sans traduction et sans mode d’emploi. Aussi, dans l’ouvrage susmentionné (nouvelle édition), j’ai concocté à l’insu de votre plein gré et pour tous les lecteurs, un mode d’emploi du vocabulaire de ce qu’on appelle prétentieusement dans les écoles normales, la structuration de la langue française, autrement dit, de la grammaire.
On appelle « déterminants » toutes les catégories de mots qui précèdent immédiatement le nom. On appellera donc déterminant article, déterminant possessif, déterminant démonstratif, déterminant relatif, interrogatif, exclamatif, numéral et indéfini cette catégorie de mots pour les distinguer de l’ancienne terminologie adjectif . Le terme adjectif est réservé à ce qui s’intercale entre le déterminant et le nom.
On distingue trois groupes de verbes au lieu de quatre. Les infinitifs en –er, -ir, -oir et –re des anciennes grammaires ont fait place aux verbes du premier groupe dont l’infinitif est –ER, les verbes du deuxième groupe dont l’infinitif est –IR, mais dont le participe présent se termine en –ISSANT et les verbes du 3e groupe, tous les autres, tous les verbes irréguliers, ce qui comprend certains verbes dont l’ infinitif est –IR – mais dont le participe présent n’est pas –issant – et tous les verbes dont l’infinitif est –OIR et -RE.
Les compléments directs du verbe et les compléments indirects du verbe, abréviés CDV et CIV remplacent les termes complément d’objet direct (C.O.D.) ou complément d’objet indirect (C.O.I.) du verbe.
Les compléments du verbe remplacent, pour des raisons syntaxiques, certains compléments appelés anciennement compléments circonstanciels. Dans la phrase, « je vais à Paris », la question d’ordre sémantique, je vais où ? « à Paris » faisait de « à Paris », un complément circonstanciel de lieu. Cela a changé ; « à Paris » est un complément du verbe, car « Je vais » en français n’existe pas tout seul. Le verbe aller implique un complément qui suit et qui lui est indispensable, « à Paris » est donc complément du verbe. Les compléments circonstanciels ne sont pas indispensables ni au verbe ni à la phrase et sont donc des compléments de phrase, mais ils conservent leur valeur (le but, la cause, etc.)
Les conjonctions de subordination, les adverbes de subordination sont appelés marqueurs d’enchâssement puisqu’ils introduisent une phrase dépendante (qu’on appelait auparavant proposition subordonnée) de la phrase principale. On appelle mots liens ce type de mots, comme les conjonctions de coordination.
Il faut se familiariser avec des symboles du type P pour proposition ou phrase : la P1 est la phrase principale ou phrase matrice, la P2 est la phrase secondaire enchâssée (comme le chas enserre le diamant dans la bague). GN est l’abréviation de groupe nominal, GNs. est le groupe nominal-sujet, Gadj. est le groupe adjectival, Gadv. est le groupe adverbial, GNprép. est le groupe nominal prépositionnel, etc.
Le conditionnel n’est plus considéré comme un mode, mais fait partie à présent de l’indicatif.
Certains mots changent de catégorie : ainsi le « donc » de la série « mais, ou, et, [donc], or, ni, car », conjonctions de coordination est à présent un adverbe.
Retrouvez cela p. 3 de Synthèse théorique des activités de grammaire française.
Cette terminologie existe depuis plus longtemps sur les bancs des universités ; et encore, là, on apprend à faire dialoguer les différentes théories et à peser le pour et le contre. Car la grammaire (la vraie) est vivante, et pour une phrase donnée, il n’y a pas toujours une et une seule case dans laquelle ranger chaque mot !
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Difficile de vous répondre en deux mots ou en deux lignes. Merci de votre commentaire…
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C’est pourquoi Maurice Grevisse l’avait déjà noté dans les grammaires : il prévoyait cette évolution.
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Oups! fuyant refusant. Lire « fuyant un enchâssement »…quoique, « refusant un enchâssement » me conviendrait tout autant.
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J’avais compris car les grands esprits toujours modestes se rencontrent absolument.
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Ah, zut alors! Mais où est Ornicar? Où donc aurait-il disparu? Aurait-il rompu ses liens, refusant fuyant un enchâssement catégoriel hasardeux et non déterminant ?
J’adore tes trucs de grammaire! 😀
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Dingue mais le « donc » est devenu adverbe. Tout fout le camp, mon bon Monsieur. Remarquez, notre ami et mentor Maurice Grevisse dans mon vieux « Bon Usage » de mes jeunes années, il y a fort longtemps, l’avait pressenti et voilà que c’est devenu ! Ainsi l’on dira à présent : « Mais, ou, et, or, ni, car » sans le « donc » qu’on peut sauter allègrement à saut de mouton. Hop !
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