C’est loin d’être exhaustif mais j’ai commencé cette liste bien tardivement. Je laisse ici mes impressions de toute une vie de lectures, loin d’être terminée. J’ai donc oublié pas mal de coups de cœur et je ne parle jamais des livres que je n’ai pas aimés. Ainsi je laisse une trace de ceux qui me sont restés ou me restent en mémoire (toujours nécessaire à un certain âge !) et que j’aime faire partager à mes amis. Les liens bleus renvoient à des pages plus précise de l’œuvre.
Romans Jeunesse – romans pour tous
Hearn (Lian ), Le clan des Ottori (les trois premiers tomes). Le Japon du moyen-âge aux fantastiques épopées guerrières, à dévorer.
Kroband Eran, Petite plume, et petite merveille de sensibilité.
Sachar (Louis), Le passage. Drôle, génial, superbe ! L’histoire d’un gamin obligé par la justice à creuser des trous ronds dans le désert. Il y trouvera le sens de l’amitié et de sa vie. Au cinéma, Sigourney Weaver tenait le rôle du chef de la prison ! Mais le livre est mille fois mieux !
Rowling (J.K.), Harry Potter et bien évidemment les sept tomes de cette auteure magistrale qui parle de l’adolescence comme personne, des choix que l’on fait dans une vie et qui vous déterminent, et tout cela avec une imagination qui transforme le regard qu’on porte sur le monde. Totalement incontournable.
La version Folio Junior du Seigneur des Anneaux de Tolkien, que mon fils cadet a lue à 8 ans. Pour les grands, la version complète évidemment !
Romans pour tous mais tous pas nécessairement pour les plus jeunes
- A
Agualusa, Barroco Tropical, un univers difficile à raconter, moitié onirique, moitié sauvagement réel, dans un Mozambique halluciné.
Allende (Isabel), La maison aux esprits.
Auel (Jean), Les enfants de la terre. Surtout les trois premiers tomes car il y en a 5 ! La préhistoire vue au travers de situations et de personnages très… préhistoriques. Très bon docu-fiction sur les outils, la chasse, les vêtements, la survie des premiers hommes. Accompagnez ces lectures par La Guerre du feu et là, vous serez incollable !
Azoulai (Nathalie), Titus n’aimait pas Bérénice. Ce roman tente d’expliquer pourquoi l’éducation de Jean Racine à Port-Royal l’a conditionné à l’écriture d’un théâtre forcément dense, forcément dramatique. Il y a toujours impossibilité pour un héros de se faire aimer puisque l’autre ne l’aime pas et en aime un troisième. J’aurais préféré qu’elle se concentre sur l’histoire de Jean Racine sans renvoi à une autre plus contemporaine. Mais j’ai tout de même apprécié son écriture et cette recherche d’explication d’un style et d’une vie.
- B
Barrico, Soie, Emmaüs, Mister Gwyn, La jeune épouse. Mister Gwyn me semble un sommet dans la construction d’une histoire qui se lit presque comme un polar. Grâce un style clair, efficace, brillant, l’imaginaire puissant de l’auteur est au service de personnages typés qui restent longtemps dans les esprits. Quant à La Jeune épouse, quelle merveille ! A lire ce compte-rendu ici.
Beauchemin, (J. F), Le jour des corneilles. Un OVNI littéraire à dévorer, les yeux écarquillés de stupéfaction, oscillant entre horreur et fascination. Les mots permettent de survivre et de vivre pour raconter dans un langage hors normes, sans balises, créé de toutes pièces cette histoire sans nulle autre pareille. SECOUANT et remarquable !
Benameur S., Profane. Au seuil de la mort, un vieux monsieur rassemble quatre personnes de tous horizons, recrutés par petites annonces, pour l’accompagner dans sa fin de vie. Ils sont tous là pour s’entraider finalement les uns les autres et ce livre est une formidable leçon d’humanité.
Berberi (Muriel), L’élégance du hérisson. Un monument ! La vie des Elfes est plus difficile à recommander car l’histoire se passe entre réalité et monde parallèle. Pourtant, l’écriture de cette auteure reste des plus intéressantes. Personnellement, je reste fan.
Blas de Robles (Jean-Marie), Dans l’épaisseur de la chair. Roman d’amour d’un fils pour son père, c’est une œuvre qui aborde les thèmes de la grande histoire (la guerre d’Algérie) dans les petites histoires (les pieds-noirs et leur univers). Il y a du panache dans cette écriture, parfois un peu prétentieuse lorsqu’il cite des tas d’endroits que le lecteur est censé connaitre s’il est intelligent (ou français) ! Un livre dense, passionnant. Et encore Là où les tigres sont chez eux.
- C
Chandernagor (Françoise), incontournable L’allée du roi. Ou l’histoire tout à fait incroyable de Françoise d’Aubigné qui épousa à 16 ans le contrefait et souffreteux Scarron avec qui elle vivra une petite dizaine d’années avant de se retrouver veuve à quelque 24 ans. La veuve Scarron, pas bête et assez belle, deviendra préceptrice des enfants bâtards de Louis XIV et de Madame de Montespan (suivez, quoi !). Puis arrive ce qui arrive, la voilà qui s’éprend du roi et réciproquement et pas possible, ils se marient ! Durant trente ans, les époux sont quasi inséparables. Puis le roi meurt, elle se retire à Saint Cyr qu’elle a fondé et l’histoire se referme pour l’éternité sur ses royaux époux qui de toutes façons ont fait l’Histoire.
Chevalier (Tracy), La jeune fille à la perle, La dernière fugitive, A l’orée du verger, la Dame à la Licorne, Le récital des anges. Voilà une vraie conteuse. Mêlant des éléments historiques à ses trames narratives, cet auteure m’entraine dans son univers aussi sûrement que le sucre fond dans le café !
Clavell (James), partez découvrir avec lui tous les horizons de l’extrême Orient. C’est l’auteur de La Noble Maison, Taïpan, Shogun, etc. J’ai lu ça assez jeune et j’espère que ça n’a pas pris les mêmes rides que Premier de cordée.
- D
Damas (Geneviève), Si tu passes la rivière. Nostalgique de jolies histoires cochonnes pas connes ? Vous avez tout raté : s’il s’agit de cochon, ce n’est pas cochon. C’est une histoire pour amateur sans bornes des cochons et des peintres de caractères. On déguste sans modération, avec gourmandise, en se pourléchant les babines et le museau, cette prose délicate qui rend à l’animal la douceur de ses yeux, sa soie fragile, son corps puissant et son petit cœur sensible pour toucher une humanité qui est alors plus optimiste, moins barbare et moins carnivore. Emportez ce livre avec vous pour vous régaler l’âme et l’esprit.
Davies (Robertson), fascinante Trilogie de Deptford qui comprend L’objet du scandale, le Manticore, Le monde des merveilles.
Declerck (Patrick), Démons me turlupinant. Un psychanalyste raconte des psychanalyses, fascinant !
De Luca (Erri), Montetidio. Un court roman initiatique d’un grand auteur. La nature exposée, quand un drapé fait tache. Et aussi Le jour après le bonheur. Et le bonheur avec lui. Du grand art, une écriture ciselée, une poésie naturelle et bouleversante.
De Kerangal (Maylis) (voir Kerangal).
De Vigan Delphine, D’après une histoire vraie ou une histoire de manipulation sous toutes ses formes.
deWitt, Patrick, Les frères Sisters. Du western avec chercheurs d’or, tireurs à gages, méchants pas toujours aussi nets que prévus, suspense. Une distraction en filon !
Didierlaurent, J.-P., Le liseur du 6 h 27. Un livre drôle, aux personnages humains (pas tous, mais presque, il en faut bien des méchants aussi), plein d’optimisme, à l’humour contagieux et je ne boude jamais ce plaisir-là ! Bref, à mettre entre toutes les mains et à offrir sans scrupule.
Dubois (Jean-Paul), Une vie française, quelques autres et le prix Goncourt, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Pour lire de la belle ouvrage ! A tous points de vue : récit et écriture, l’un allant avec l’autre ! Pour renouer avec une prose qui emporte, qui envole, qui survole, qui… Tout simplement MAGNIFIQUE.
Duroy (Lionel), Eugenia. Très intéressant roman historique. De 1935 à 1945, nous assistons aux dérives et aux horreurs de l’Histoire en marche : pogrom, déstabilisation politique du et des pays, guerre, le tout à partir de Jassy en Roumanie. Les protagonistes sont des personnages créés de toutes pièces et d’autres tout à fait réels comme Malaparte, alors correspondant du Corriere de la Sera ou l’écrivain Mihail Sebastian. Le pogrom de Jassy … pour ne pas oublier ce qu’on oublie si vite.
- E
Ernestam (Maria), Les oreilles de Buster. Superbe roman d’une femme qui tua sa mère et le dit dès les premières lignes, je ne dévoile rien ! J’ai adoré ce roman !
- F
Fitzgerald (F. Scott), Gatsby le magnifique
Ferrante (Elena), Une amie prodigieuse. Chez mon libraire, le bandeau du texte disait que c’est le livre que Daniel Pennac offre à ses amis. Evidemment, je l’ai acheté. Bon, je suis tombée dans la marmite de cette épopée (on en annonce trois, j’en suis à mon deuxième) qui parle de l’amitié et des liens de vie, de trahison et d’amour, dans un quartier de Naples au début du 20e siècle. J’ai dévoré.
Follet (Ken), Les piliers de la terre, évidemment ! Pas possible qu’on puisse passer une vie sur cette planète sans lire ce monument. Mais on peut éviter sans peine la suite de la saga.
- G
Gaudé (Laurent), Pour seul Cortège, Le soleil des Scorta, La mort du roi Tsongor,
Gaudé (Laurent), Danser les ombres, Ecoutez nos défaites
Gavalva (Anna), Ensemble c’est tout, et tous les autres livres de cette auteure.
Gallay (Claudie), Les déferlantes. Mais pas le film ! Une belle histoire d’amour balayée par les embruns. Romantique à mort, j’adore !
Garcia Marquez (Gabriel), Cent ans de solitude. Je le relis pour l’instant (2017) et en redécouvre la puissance de l’écriture et de cet imaginaire à la frontière du réel qui m’avait bouleversée à 20 ans. J’en comprends (enfin) le titre dans toute son ampleur. Et puis, j’ai aussi eu besoin d’un arbre généalogique : il ne nous a pas facilité la tâche avec tous les noms et prénoms des Buendia, qui s’entremêlent dans des destins que la vie rend à la fois dissemblables et complètement similaires.
Georges (Elisabeth) : ne boudez pas le plaisir de suivre dans l’ordre les traces des policiers de Scotland Yard, le commissaire Linley et Barbara Havers. Pourtant j’ai abandonné les dernières parutions (4-5 etc.). Est-ce toujours cette auteure qui les écrit d’ailleurs? On se pose la même question pour Patricia Cornwell.
- H
Haddon (Mark), Le bizarre incident du chien pendant la nuit. Ecrit à la première personne, ce bouquin plein de sensibilité donne la parole à un gamin autiste. Brillant !
Harrisson (Jim), Les jeux de la nuit, Dalva, De Marquette à Vera Cruz, Légendes d’automne, Une odyssée américaine, Nageur de rivière, Sorcier, Le vieux saltimbanque. Cet auteur m’est indispensable : il défend l’honneur perdu des races brisées (les Indiens), l’amour de la nature, une profonde et indispensable liberté intérieure, un brin d’anarchie contre toutes les dictatures de la pensée. Je lis tout ce que je peux trouver en français de ce magistral romancier, grand amateur de pêche, de femmes et de bonne bouffe et l’un des meilleurs amis de Jack Nicholson (pour le côté cancan). Un des rares conteurs au vrai sens du terme. Quand il commence une phrase, on ne sait jamais où cela va nous mener.
Helgason (Hallgrimur) dur à dire et à retenir, La femme à 1000 degrés. Ce bouquin est une merveille d’écriture où comparaisons, métaphores, néologismes, éblouissent le récit percutant d’une vieille femme au terme de sa longue et singulière existence.
Hillerman (Tony). Perdez-vous dans les montagnes rocheuses, sur les territoires des réserves Navajo et Hoppi et cherchez le meurtrier avec Jim Chee et le sergent Leaphorn. Tony Hillerman fait partie des auteurs de thrillers qualifiés d’ethnologiques et dont Arthur Upfield est le père.
- I
Irving (John). J’ai quasi tout lu dont les plus importants, Le monde selon Garp, Hôtel New Hampshire, Une prière pour Owen, L’œuvre de Dieu, la part du Diable. D’autres m’ont moins marquée, L’épopée du buveur d’eau, Une veuve de papier, Dernière nuit à Twisted River, Avenue des mystères. Mais cet auteur à l’imagination flamboyante (ils sont rares) m’a fait découvrir qu’on pouvait rire comme une folle ou pleurer comme une Madeleine pendant deux jours car les personnages vous sont proches comme des amis ou des frères. J’ai cependant moins apprécié les deux derniers où je retrouve les mêmes thèmes qui m’avaient séduite 20 ou 30 ans plus tôt.
- K
Kerangal (Maylis de), Réparer les vivants. Subtile approche psychologique et émotionnelle de personnages saisis dans le drame d’une transplantation cardiaque. Ecriture magnifique, riche, qui rend la force des situations parfois si poignante que j’en ai pleuré !
King (Stephen). Les sept tomes de La tour sombre n’ont rien à voir les contenus habituels des autres romans de l’auteur. Ils suivent les aventures du Pistolero qui poursuit la quête de la Tour sombre entre les mondes. Comme dit mon ami Tony, « Et deux moteurs te poussent à lire cette quête : la curiosité (on veut comprendre) et la capacité à gérer l’incertitude. Si l’un des deux te manque, ne commence pas la lecture. Si tu as les deux, attention aux nuits blanches ». C’est aussi la recherche d’un auteur (il commence le premier tome à 20 ans et termine le cycle à 60) pour trouver son style avec l’ambition de créer son propre Seigneur des anneaux. A lire absolument pour tous les fans du genre.
Kerr (Philip), Bleu de Prusse.
Koch, Le dîner. Parents, loin de moi de vous donner des ordres, mais lisez ce bouquin et digérez ! Ensuite, lecteurs de tous bords, bronzez sous le soleil d’une Villa avec piscine. Sociologiquement, Koch est un maître. Ses autopsies de l’âme humaine ne laissent pas indifférents. C’est passionnant mais sans concession ! Âmes sensibles s’abstenir.
- L
Lachaud (D.), J’apprends l’hébreu. Très beau roman sur l’impossibilité des rapports père-fils.
Laberge (Marie), Le goût du bonheur. Gabrielle, Adélaïde, Florent. Ceux qui restent témoigne du vécu du père, de la femme et de la maîtresse d’un jeune homme qui met fin à ses jours à 28 ans laissant son monde abasourdi, abandonné, désarmé. Il est écrit en grande partie en français du Québec : on y entend donc l’accent de là-bas mais ce n’est pas toujours facile à lire. Cependant, je n’ai pas décroché une seconde de cette histoire, pantoute ! J’ai apprécié chacun des rôles de ceux qui restent, les laissés pour compte de tout dû par Sylvain qui ne laisse derrière lui aucun mot pour expliquer son geste.
Lanoye (Tom) , La langue de ma mère
Le Guillou (Philippe), Les sept noms du peintre. Roman fort où les thèmes de puissance, de sexe et d’anarchie sont abordés sans concession, vous voilà prévenus.
Levi (Primo), Si c’était un homme. Ou pourquoi cet homme a fini par mettre fin à ses jours après avoir vécu la machinerie nazie des camps de concentration, l’anéantissement programmé de tout ce qui constitue l’essence de l’être humain. Indispensable, nécessaire pour ne jamais oublier.
Lewis (Roy), Pourquoi j’ai mangé mon père. J’ai aimé ce livre à la folie car il m’a fait hurler de rire. C’était il y a longtemps. Je devrais m’y replonger pour savoir si la même magie opère.
Liron (Olivier), Einstein, le sexe et moi. Autiste asperger, Olivier Liron nous livre un délicieux petit roman qui participe tout à la fois de son plaisir d’écrire, avec talent et humour, de son envie de partager des souvenirs en réglant certains comptes avec la violence de son enfance, et surtout de nous entrainer dans le dynamisme et la course aux réponses de Questions pour un champion. L’émission lui a permis de réaliser quelques rêves et, à nous, de nous amuser en dehors du stress et de toute envie de gagner. De toute façon, face à lui, j’aurais aussi perdu à plate couture !
Luret (William), L’homme de Porquerolles. Introuvable ce livre, l’histoire de ce petit Belge, fils de batelier, qui conquit l’Amérique, trouva de l’or et acheta l’île de Porquerolles. Authentique.
- M
Mankell (Henning) , Les chaussures italiennes, Entre autres. De lui, je suis absolument fan et ses bouquins policiers avec l’inspecteur Wallander font partie de mes romans cultes.
Martinez (Carole), Le cœur cousu. J’ai aimé ce livre qui lorgne clairement du côté de la littérature sud-américaine en particulier de Cent ans de solitude de G. G. Marquez avec la scène du poulailler. Cette épopée féministe nous tient en halène : il s’agit avant tout de faire passer de mère à fille les dons qui leur tombent dessus quoiqu’elle fasse. Trois générations de femmes sont ainsi contraintes de suivre leur destinée, d’admettre ces dons destinés non pas à créer le bonheur mais à faire le malheur de toutes. Car porter en soi la magie ou la différence, c’est penser autrement, vivre à l’écart, faire envie, pitié, ou peur. Aucune n’en sort indemne. Le roman se situe dans une veine de réel magique où le sort s’apparente davantage à celui de la fée Carabosse qu’à celui de la fée Clochette.
Manook (Jan), Yeruldelgger, et les suites, sachant que le premier, un thriller mongol nous envoie valdinguer dans les steppes sans autre forme de procès !
Minard (Céline), Faillir être flingué. Vous n’avez jamais lu de western ? Réparez cette erreur avec le prix Inter 2014 qui nous emmène « dans les plaines du Far West quand vient la nuit, les cowboys et les Indiens sont réunis », tagala, tsouin, tsouin. Superbe.
Moresco (Antonio), La petite lumière, Fable d’amour. C’est une figure majeure de la prose narrative contemporaine, nous raconte la 4e de couverture (que je ne lis pourtant jamais avant lecture). Et bien, je n’ai que quelques mots à dire : secouant, interpellant, émotionnellement bousculant, tout comme Le jour des corneilles de Beauchemin. La petite lumière que le narrateur aperçoit depuis sa petite maison dans ce petit village isolé où il est seul au monde est le prétexte d’une rencontre entre les mondes de la vie et de la mort, avec un style aussi particulier que magistral, d’un auteur brillantissime. Fable d’amour conte l’histoire d’un amour impossible entre un vieux clochard et une fille merveilleuse, toujours dans ce style incroyablement audacieux de l’auteur, semé de répétitions, de redites, et pourtant jamais ennuyeux au rythme lent et puissant comme une vague. Les frontières de la vie et de mort semblent s’atténuer et finissent par se confondre. Comme Paasilina, un homme affranchi des cadres de la littérature traditionnelle.
Murgia (Michela), Accabadora. Dans une Sardaigne écrasée de lumière, l’histoire d’une petite fille adoptée par une veuve dont on ne sait pas tout.
Murakami, Kafka sur le rivage. Futur prix Nobel de littérature ? Allez, on parie … L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage m’a semblé plus léger, plus facile et moins emblématique de cette œuvre tout de même foisonnante et pleine d’imagination, qui fait la part belle à l’humain et aux sentiments importants qui comptent, emportent, déconcertent : l’amitié, l’amour, la fidélité, la trahison aussi, le dialogue, la confiance. Et naturelle, cette trilogie passionnante, quoiqu’un peu longuette en ce qui concerne le troisième tome, IQ84.
- O
Olafsdottir (Ava Audur) , L’embellie. Un roadmovie délicat entre une célibataire endurcie et un petit garçon prêté… et sourd. Rosa Candida était bien aussi mais moins.
Ovaldé (Véronique), Ce que je sais de Véra Candida, Soyez imprudents les enfants.
Oz (Amos), Judas. Une histoire bien juive avec un éclairage inédit sur la personnalité décriée dudit Judas qu’on ne verra jamais plus comme le traître et faux ami qu’il n’était pas.
- P
Paasilina (Arto), Le lièvre de Vatanen, évidemment, et tous les autres. je n’en cite aucun : je les adore tous ! C’est définitivement un de mes auteurs préférés. Cet autodidacte écrit comme il respire, naturellement et puissamment sans en avoir l’air. Chantre de l’écologie, de la liberté intérieure, il revendique dans ses écrits cette même liberté de non religion, de sa propre morale. Il y a chez lui une indécence ravageuse et jouissive associée à une imagination débridée. Il est à la littérature ce que Gaston Chaissac est à l’art brut, incontournable.
Pennac (Daniel), Au bonheur des Ogres, la Fée Carabine, La petite marchande de Prose, du Prosac garanti sur facture, un antidépresseur puissant combiné à du millepertuis survitaminé intégral pour un régal très digeste.
Pavloff, F., L’homme à la carrure d’ours. Un de ces livres qui vous restent en tête longtemps après parce que l’ambiance fin de siècle et apocalyptique de ce coin du monde abandonné par les Russes après exploitation nucléaire laisse à voir des personnes si fortes et si belles « qu’on en demeure épanouis ».
- R
Ruffin (J. C.), Le grand Cœur, L’Abyssin, Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi, Rouge Brésil, Le collier rouge. C’est dit, j’aime à peu près tout ce que cet humaniste engagé écrit. Rouge Brésil est peut-être le plus abouti au niveau de l’écriture. Mon coup de cœur, ce qui m’a fait tomber dedans recta comme Obélix dans la potion magique reste L‘Abyssin. Son parcours de vie au travers le prisme de ses études de médecine qui ont fondé son cheminement vers l’engagement humaniste, il tente de l’expliquer et de nous le faire comprendre dans Un léopard au garrot. Compostelle malgré moi m’a moins intéressée. Le collier rouge m’a touchée au cœur. Bref, Ruffin, je vous aime, c’est ma déclaration d’amour ! Mais surtout, plus question de toucher au domaine du roman policier, un genre à part, qu’il faut laisser à ceux et celles qui le maitrisent. Le suspendu de Conakry est très mauvais ! Vraiment mauvais. Désolée.
Riel, (Jorn), Le chant pour celui qui désire vivre.
- S
Serres (Michel), Pantopie, de Hermès à petite Poucette. Pour (mieux) comprendre le philosophe et l’homme. Enfin, en gros, car vraiment, lire de la philosophie pure, c’est carrément duraille !
Shafak (Elif), Trois filles d’Eve.
Shaffer (Mary-Ann) et Barrows (Annie), Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates. Délicious as a cup of tea !
Schmidt Sarah, Les sœurs de Fall river. Une histoire sociale, de famille, de mort.
Stefansson (Jon Kalman) Entre ciel et terre, La tristesse des anges, Le cœur de l’homme. Premier tome : dans une Islande dure, impitoyable, des pêcheurs se battent contre la mer et les éléments pour survivre. La poésie peut en sauver quelques-uns et en condamner d’autres. Tome 2 : on poursuit les aventures du Gamin qui accompagne le facteur à travers les montagnes et personne ne sortira intact de cette tempête de neige. L’histoire se poursuit dans le troisième tome qui clôture cette ambiance à nulle autre pareille dans un pays envoûtant et hostile. A dévorer sans modération… au coin du feu.
Stocket K., La couleur des sentiments. Et dire que c’était encore comme ça dans les années 60 aux Etats-Unis, ce racisme (associé à l’adjectif) primaire (pléonasme !). Il faut lire pour le croire et rêver que l’extrême droite ne nous rattrape jamais même si elle montre constamment le bout de son nez. Un livre enthousiasmant et secouant sur la condition des esclaves noires.
Styron (William), bien sûr Le choix de Sophie.
Szalowski (Pierre ). Le froid modifie la trajectoire des poissons, un petit conte sans prétention et assez drôle.
Szabo (Maria), La porte. Superbe peinture de deux femmes, de deux générations, de deux classes sociales que tout sépare, que parfois le sort rassemble mais pour combien de temps ? De loin supérieur au prix Goncourt 2016 Chanson douce de Leila Slimani, ce roman traite des rapports de force entre une femme d’ouvrage et sa maitresse. Magistral.
- T
Tallent (Gabriel), My absolute darling. Sans commentaire, car il y en a un ici.
Taylor (Kressmann), Inconnu à cette adresse. Deux amis s’écrivent, l’un est juif, l’autre allemand. La correspondance s’arrête…
Thomas Ellis (Alice) et sa Trilogie du jardin d’hiver : Les habits neufs de Margareth, les ivresses de Madame Monroe, Les égarements de Lili.
Tirtiaux (Bernard), Le passeur de lumière. Il parle des souffleurs de verre au Moyen-Age comme personne. Un livre superbe.
Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Trois tomes que j’ai déjà lus trois fois et ce n’est pas fini. Je fais partie de la famille d’Aragorn, définitivement et du clan de Galadriel.
Trouillot Lionel, Parabole du failli. Histoire d’hommes, d’amitié, d’amour pour notre si belle langue française qui crée le monde et le fait renaitre. C’est beau ce livre, c’est puissant par la poésie qui s’en dégage, par l’univers profondément humain qu’il reflète.
- U
Upfield (Arthur), L‘os est pointé, et tous les autres. Upfield est le père du roman ethnologique et je rends ici un hommage public à ma psy qui m’a fait découvrir tous les romans de cet auteur du début du 20e siècle. A découvrir aussi et surtout si vous partez en Australie. Napoléon Bonaparte est son héros mi-aborigène, mi-blanc au cœur des intrigues du bush.
- V
Vargas (Fred). Si son premier roman Les jeux de l’amour et de la mort n’est pas prometteur, pour tous les autres, je suis fan. D’abord, ceux qui mettent en scène Adamsberg, entouré de rôles secondaires de premier choix. L’homme aux cercles bleus (arrivée d’Adamsberg au commissariat à Paris), Sans feu ni lieu, L’homme à l’envers (dans les montagnes…), Pars vite et reviens tard (la peste dans Paris), Coule la Seine (trois nouvelles), Sous les vents de Neptune, Dans les bois éternels : un des meilleurs, en Bretagne en partie, Un lieu incertain : Danglard en Angleterre, Retancourt et le chat. L’armée furieuse. Sans Adamsberg, c’est bien aussi : Ceux qui vont mourir te saluent (à Rome avec trois faux empereurs), Debout les morts : entrée en scène des trois évangélistes. Un peu plus loin sur la droite, une enquête de Kehlweiler. Temps glaciaires et Quand sort la recluse sont ses deux derniers. On attend la suite. La pauvre, ça doit être dur d’avoir des fans qui vous pressent au derrière alors qu’il faut parfois des années pour en écrire un seul !
Verdier (Fabienne) Passagère du Silence.
- W
Winckler M., La maladie de Sachs. Le choeur des femmes où comment parler de la ménopause, de l’avortement, des règles, des femmes, de femme à femme ou de femme à homme, avec le cœur.
Wassmo Herbjørg, Le livre de Dina. Trois parties (Les limons vides – Les vivants aussi – Mon bien-aimé est à moi) pour une grande saga comme je les aime avec un cheval fougueux nommé Lucifer, un domaine où vivent humbles et puissants, où se côtoient les générations et surtout une héroïne marquante pleine de contradictions, sauvage, puissante, d’une liberté totale. Bref, on se laisse emporter, ventre à terre, dans cet univers romanesque tourmenté en ce 19e siècle norvégien où les mouvements du cœur, de l’âme et des corps sont inoubliables.
Whitehead Colson, Underground Railroad, prix Pulitzer, National Book Award. Voilà décrites ici toutes les horreurs que des hommes, les suprématistes blancs, peuvent inventer pour asservir d’autres hommes, les noirs. Voilà décrits ici les fondements du racisme aux Etats-Unis, cette incroyable créativité pour asservir et briser. On suit complètement assommés l’histoire de Cora, une jeune esclave noire des plantations de coton, qui trouve un jour la force de fuir ses bourreaux pour emprunter les voies du réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite. J’ai avalé, dévoré, ce roman entre répulsion et hypnose, fascination et effroi car c’est aussi un remarquable thriller. On comprend mieux comment et pourquoi ce crétin de Trump est arrivé au pouvoir et à quel point il peut aussi être dangereux tout comme ceux de sa race !
Wynd (Oswald), Une odeur de gingembre (Ginger Tree)
- Y
Yalom I. D. Le problème Spinoza. Je n’aurais jamais eu le courage ni l’intelligence de lire Spinoza dans le texte. L’auteur l’a fait pour moi, merci bien, pour m’instruire sur cette intelligence magistrale, cette supériorité intellectuelle en un temps où l’exigence de Dieu et de la religion imposaient même la manière de respirer. Un franc-tireur dont la pensée devrait encore et toujours nous guider, nous inspirer, nous transformer…
- Z
Zweig S., Le joueur d’échec. Voilà un auteur qui rapporterait gros au scrabble si les noms propres étaient permis. Bref, revenons à nos moutons. Deux histoires se chevauchent et s’imbriquent. La première est celle d’un joueur d’échec professionnel et champion du monde. Il rencontre sur un bateau l’homme qui peut le faire tomber de son piédestal de grand maître, s’il le voulait vraiment. Une mise en abime d’une autre histoire dans la première explique pourquoi cela ne se fera pas.
Quelle liste impressive! C’est genial! J’adore votre inclusion de Tolkien et King.
Et maintenant j’ai beaucoup des livres pour acheter! 😀 Merci pour le post!
Belle fin de semaine!
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Je ne vous avais pas répondu ? Honte sur moi ! Merci de votre visite et belles lectures…
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Pas votre faut. Merci pour le post. Belle semaine à vous! 🙂
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Ping : Mes coups de cœur des livres de cette année | Anne de Louvain-la-Neuve
Bonjour à vous, cher nouveau lecteur de mon blog. Merci beaucoup pour votre gentil commentaire. Belle journée.
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Je vois que vous aimez Laurent Gaudé. Je ne saurais assez vous recommander son dernier: Écoutez nos défaites. Ce n’est pas si simple à lire mais c’est un très beau livre. Et puis, mais vous les connaissez sûrement, ses autres: La mort du Roi Tsongor, Ouragan, El Dorado… Je trouve sa langue puissante et lyrique, neuve et protéiforme. Et puis il a la clairvoyance des grands poètes.
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Un des tout tout grands auteurs français. Dieu seul sait si je les aime, les livres. Quand je n’aime pas, je ne le dis pas, je passe. Vous aussi ?
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Voilà un grand amour que nous avons en partage et que nous n’avons même pas à nous disputer! J’arrête là un parallèle entre les hommes et les livres, et dont certains pourraient (et à bon droit) s’offenser…
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Un livre ne fait jamais de mal à une mouche et pourtant, il peut intoxiquer. Il y a là un sujet philosophique dont nous pourrions débattre pendant quelques heures… et au-delà.
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Effectivement! J’aurais à ajouter qu’un livre toxique se combat aisément avec tout objet qui pourra le tenir bien fermé. Pour l’homme l’affaire est bien plus délicate! STOP, STOP je deviens une msysogyne inversée!
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Comme quoi certains livres sont universels et se retrouvent dans toutes les bibliothèques, J.M.Auel. Muriel Barbery, James Clavel,Delphine de Vigan, Minard, Pennac; les bons livres ont cela de bon que l’on peut les relire et toujours se faire prendre à un moment où à un autre dans l’histoire.
Bises insomniaque
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Il me semble que j’en ai oublié. C’est pour ça qu’elle existe cette liste car franchement, retenir ce qui plait devient de plus en plus difficile ! Merci Monesille.
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Salut Anne, je découvre ton blog, c’est super. Nous sommes en connexion littéraire au moins à propos de Jim Harrisson, J-C Rufin, Baricco et Fred Vargas. Absolument fan ! Amitiés.
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Salut Guillaume ! C’est super de se rencontrer à nouveau. Peut-être te verrai-je à Noël lors de votre concert, si j’en suis informée. Merci pour ton commentaire. Tu sais bien qu’on a des atomes crochus…
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Je découvre ton blog un peu plus ce soir et je tombe sur ce passage : « Agualusa, Barroco Tropical, un univers difficile à raconter, moitié onirique, moitié sauvagement réel, dans un Mozambique halluciné. » J’avais adoré 🙂
Je poursuis (j’en suis qu’au A) 🙂
Bonne soirée 🙂
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Il semble que nos goûts soient similaires. C’est bon signe, nous sommes des femmes de goût !
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Je retrouve des livres que j’ai aimé… toujours en quête de nouvelles lectures, je vais trouver ici de nouvelles inspirations 😀
Merciii
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A charge de revanche avec les vôtres…
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Oh… alors là de suite ma dernière lecture : Americanah de Adichie.
« Comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria. «
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Merci…
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Je reconnais pas mal de livres que l’ai lus et appréciés et j’imagine que cette liste est loin d’être exhaustive. Aurais-tu eu l’occasion de lire des auteurs comme Eve de Castro, Joyce Carol Oates, Richard Powers, F. Deghelt (La grand-mère de Jade, La vie d’une autre), Armel Job …. ?
Et dire que notre vie sera trop courte pour lire tout ce qu’on devrait ou aimerait lire …
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Merci Marinette pour ce partage.
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C’est chouette de voir ce que les autres lisent. Ca donne des idées . As-tu lu « Grâce et dénuement » d’Alice Ferney et « Les désorientés » d’Amin Maalouf? que j’ai adorés..
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Si tu ne l’as pas encore lu, essaie « Coeur cousu » de Carole Martinez, je suis certaine que tu vas aimer. Ta liste est vraiment pas mal !
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Moi aussi,j’ai aimé et même adoré « Passagère du silence ». J’ai distillé la lecture goutte à goutte pour ne pas le lire trop vite, pour faire durer le plaisir au maximum …trop beau,trop bon .
Anne Samin
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