Je laisse la parole à mon ami Tony qui parle de ce livre mieux que personne.
Comme je te l’avais dit, au début on ne comprend pas bien où l’auteur veut en venir car on trouve des chapitres un peu décousus. Mais quand on avance, la structure devient plus claire. Le livre entrelace la vie d’Alfred Rosenberg, un des théoriciens du nazisme, avec celle de Baruch Spinoza. Ce rapprochement incongru de deux personnages que tout sépare s’explique par la suite. Rosenberg est perturbé depuis son adolescence par le fait que ceux qu’il considère comme les grands auteurs allemands (Goethe, etc.) admirent Spinoza. Comment les icônes du germanisme aryen, chantres de la race, ont-elles pu admirer un Juif ? Il appelle ça le « problème Spinoza » ; on retrouve ces mots dans les archives du régime nazi.
Rosenberg devenu Reichleiter au service d’Hitler fera une razzia sur la bibliothèque de Spinoza, dans l’espoir de comprendre et de mettre en évidence que Spinoza n’était qu’un plagiat des philosophes anciens. Las, il en sera pour ses frais car il ne lit pas les langues mortes. Ce qui ne fera qu’ajouter à sa frustration, car il a beau lire et relire le maître ouvrage de Spinoza (L’Éthique), il n’y comprend rien, c’est trop compliqué pour lui.
Au total, un chouette bouquin car les deux histoires parallèles tiennent le lecteur en haleine et l’auteur en profite pour distiller goutte à goutte quelques aspects de la pensée de Spinoza. Irvin Yalom est psychiatre et sa manière de montrer la personnalité de Rosenberg est de raconter la psychanalyse à laquelle il aurait pu se livrer. Et il en profite bien sûr pour le faire passer pour un crétin névrosé. C’est peut-être le seul point faible du livre : au vu des résultats néfastes, je crains malheureusement que les Rosenberg et autres de la même veine n’aient pas été aussi simples d’esprit que Yalom veut le montrer