Ne surtout pas passer à côté du dernier livre d’Alessandro Baricco, La Jeune Épouse.
Tout d’abord au niveau de l’écriture. La continuité du récit sous la plume du narrateur omniscient qui raconte cette histoire où il intervient comme ami de famille (?) incarné en « je » se brise de temps en temps par l’intervention d’autres « je « , ceux des personnages du récit qui interviennent sans façon et se livrent tout autant que le narrateur. Il faut donc redoubler d’attention pour comprendre qui parle et à quel moment. Les dialogues interviennent aussi sans les marquer par des tirets : ils se suivent simplement à la ligne les uns après les autres.
Les phrases sont parfois très longues, toujours d’une grande fluidité, d’une parfaite maitrise stylistique qui donne un rythme soutenu, haletant presque et dont on ne veut, ne peut pas perdre la moindre miette du moindre mot, de l’élégance des métaphores, de la richesse des adjectifs qui soutiennent la précision du vocabulaire.
Et l’histoire ! Il y a de la grâce dans cette imagination extravagante et surréaliste, sans limites et sans tabou, où l’humour rode dans les couloirs de ce palais et où l’érotisme torride et poétique se cache derrière les portes, une fois que tombe le rideau de la scène et que se ferment les portes.
Cet Oncle qui n’est pas vraiment un oncle, ce Père qui n’est pas ce qu’il prétend tout à fait, le Fils, la Jeune Épouse, la Mère, la Fille, des patronymes qui ne révèlent pas vraiment leur véritable rôle contrairement à ceux mis en scène au théâtre alors que nous sommes bien dans une pièce ! Mais de quoi est constitué ce récit sinon d’apparences, de mise en scène, et d’écriture qui peut tout et qui nous mène par le bout du nez tout en se posant ses propres questions sur son propre rôle et la manière de l’accomplir.
Magistral !
P.S. Personnellement, je n’aurais pas mis de majuscule à « jeune », cher traducteur, de La Sposa giovane mais c’est mon seul bémol…