Agenda ironique de mars 2017 – Chapitre 27 et demi – Les aventures de Sibelius – Suite du numéro 42.

S’il vous en souvient dans l’épisode précédent (damned, je sens qu’il ne vous en souvient guère !) rappelons que deux familles se partagent cet ilot aride, un crannog, riche de traditions séculaires. Les fiers NicDouille, very scottish, très noblement attifés de kilts millésimés, formant le clan TartanCourt , arborent leurs couleurs carrées ou rectangulaires, tout dépend du point of vue. Les Barde of Barde du clan Mac KombiMoule sont caractérisés (sur photo et pédigrée pal) par leurs combinaisons en polystyrène expansé pour les raisons que l’on connait.

Or, what a scandal, très exactement le 12 novembre à 6 h. 07  A.M. , leur animal de compagnie Rombo appelé aussi Nessie par le vulgum pecus ou Nessiteras Rhombopteryx par les scientifiques, disparait avec l’eau du loch rendant dangereusement proche des côtes, le crannog isolé normalement par ses ex-eaux mystérieuses et profondes et changeantes et écossaises.

À grand coup de cors de chasse et de trompettes shall sound, les deux clans sollicitent alors l’aide de Sibelius notre héros par missions, moine par vocation, tonsuré de frais et en parfait état de fonctionnement surtout son ventre extra plat et ses cuisses musclées. Une première décision radicale de Sibelius, né Petulo Clarck (rappel pour ceux qui nous rejoignent pour la first time) fut de fermer les vannes thermostatiques des deux castels ainsi que l’accès aux douves. Ne me demandez pas pourquoi : ce n’est pas moi l’enquêteur.

La deuxième fut de téléphoner à son secrétaire particulier Laïonel Messaïe. Là encore, la communication demeure absolument secrète et le contenu crypté comme le sous-sol de tout château qui se respecte. Cependant, Laïonel disposait de la consigne des 700 mots imposés par M. Aussi murmura-t-il à son employeur bienaimé de faire aussi fissa que « possible » (à l’anglaise).

Sa carabine .22 Long Rifle, négligemment jetée sur son épaule athlétique gauche, Sibelius se déchaussa pour enfiler rapidly des bottes en caoutchouc pointure 46 (deux tailles de plus que ses sandales de cuir brun). Tel une danseuse en tutu sur pointes, Sibelius sauta élégamment, mais prestement, dans le loch à sec et se mit à renifler les abords en un va-et-vient solide et tatillon tout en tâtant le sol d’un doigt fureteur et souple (cependant moins souple que celui d’Ingrid, la fidèle secrétaire de son concurrent et néanmoins zami Flanagan-Johnson). Suddenly, il se mit à rire à gorge déployée aux 4 vents. Il lui avait fallu exactement trente-trois secondes deux centièmes pour résoudre cette énigmatique énigme digne d’un blanc-bec débutant.

Soulevant sa bure d’un geste impérial comme celui qu’avait réalisé César lui-même lors de son triomphe devant Vercingétorix à genoux, il bougonna entre ses dents parfaites et saines : it’s done ! ce qui pourrait se traduire par Veni, Vidi, Vichy. (Référence au chapitre 13 : « Renvoie-moi le pactole. Ce n’est que du brol !).

Dans la poche arrière droite de sa bure brune, il retira brusquement un sifflet minuscule à ultrasons numérotés de 1 à 55.000 et se mit à souffler par à-coups de dix. On pourrait penser, à tort, que ce fut bref, mais cela dura un long moment que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre.

Dans le lointain, un énorme remue-ménage se fit entendre. Lady Flora NicDouille, qui guettait Sibelius du haut de sa tour sombre, debout la main sur son cœur battant, se mit à hurler : Good Lord ! What else ? repris plus tard dans les livres d’histoire publicitaire du 22e siècle.

Les eaux de la mer morte s’écartant devant Moïse furent de la bibine de Samsonite à côté de ce qui se passa sous les yeux médusés des protagonistes des deux clans. Soudain dans le lointain apparut Rombo himself, en réalité pas beaucoup plus massif qu’un poney géant comme vu précédemment, sautillant ventre à terre en trainant derrière lui un énorme seau contenant…les eaux du loch lui-même et pas autrement.

Fonçant droit vers Sibelius aussi impassible qu’une marmite de soupe à l’ognon, avec ou sans croutons, Rombo/Nessie pila pile-poil au pied de Sibelius, lui lécha la figure avec ardeur et attendit les ordres. Notre héros lui intima d’ouvrir presto le robinet dudit seau après s’être mis à l’abri les pieds au sec sur la berge. À la vitesse d’un cheval au galop, l’ile émergea des eaux mystérieuses et profondes et changeantes et écossaises avec un ouf de soulagement. Rajustant ses sandales et sa bure, Sibelius s’en fut alors vers le castel et après une bonne cup of tea, regagna son logis où l’attendaient Laïonel et une nouvelle impossible mission.

 

Écrit pour l’agenda ironique de mars 2017. Rappel des consignes imposées par Monesille : un texte de fous, de 700 mots, et des mots composés (à la pelle ici) que vous retrouverez aisément même si la nouvelle orthographe dont je suis pratiquante est passée par là et en a soudé certains.

Environ 800 mots sans le titre mais Sibelius a fait ce qu’il a pu !

 

 

A propos Anne de Louvain-la-Neuve

Anne d'un nulle part, ailleurs ici ou là, entre réel et imaginaire.
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39 commentaires pour Agenda ironique de mars 2017 – Chapitre 27 et demi – Les aventures de Sibelius – Suite du numéro 42.

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  2. mariejo64 dit :

    Oh Oh !..
    Je lis, je lis, je souris et puis je ris, je ris…quand, extase ! Qui est ce Sibelius au ventre extra-plat, aux cuisses musclés, aux doigts souples ?
    Quoi ? What is this ? Je n’ai plus l’âge de ces fariboles ?
    Et si j’ai envie de « Pétuler clairement » encore un peu, c’est mon droit, hein ?
    Le voici maintenant en tutu !..
    et je me surprends à chanter cet air bien connu des anciens : « Ay tu me plais, tu me plais digue digue don… »
    Un régal de lecture ! Un peu de folie dans ce monde de brutes, youpi !

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  3. Valentyne dit :

    Sibelius, né Petulo Clarck 🙂 m’a redonné un fou rire comme la dernière fois (le reste aussi)
    bisessss Anne de Mots-Composés 🙂

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  4. laurence délis dit :

    Mais oui, je me souviens, les NicDouille, les kilts, Sibélius… on baignait déjà dans la folie !
    Contente de te lire 🙂

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  5. Asphodèle dit :

    Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa enfiiiiiiiiiiiiiiiin !!!! Anne de LLN is back ! Danse de la joie devant l’irrésistible (et très comestible) Sibélius qui m’a tant manqué (comme toi) ! Etant moi-même peu maître de mon agenda (pas l’ironique, celui du kôt-y-dien), j’ai mis du temps à te retrouver dans ce nouveau décor pas du tout tartan-en-pion mais so scottish et qui s’assortit si bien au kilt de Sibelius ! 😆 Ravie de te relire, j’ai ri comme une baleine ! 😀 (que je suis sûrement) ! (l’ognon san « i » me chiffonne toujours un peu, cela dit) ! 😆 On va y ajouter des croutons (sans accent mais avec des aulx) ! Biiises raviiiiies chère Anne ! 😉

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    • Chère Asphodèle, quel plaisir de vous rejoindre sur les ondes bloggeuses. Moi, Sibelius, je suis positivement ravi d’être à nouveau dans la sphère de votre aura de rose. Puissions-nous comme par le passé renouer nos liens de cœur sinon de corps dans une passion commune pour les mots même en nouvelle orthographe. Si ma robe m’interdit tout contact autre que moral avec vous, soyez certaine que je le regrette ! On peut être moine et n’en être pas moins zomme sinon zombie. Je vous embrasse comme un gentleman sur votre douce main sans épines. Mystiquement vôtre. Sibelius (pour vous, Sibé).

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      • Asphodèle dit :

        Mon Cher Sibé (puisque vous m’autorisez au moins cette douce familiarité) ! Vos compliments me vont droit au coeur mais sachez que la « rose » n’est plus aussi fraîche que par le passé 😆 ! Toutefois, si elle a perdu de son panache corollaire, elle n’en a pas pour autant perdu ses épines et accepte bien volontiers certaines joutes verbales avec vous et respecte (Ô combien) la chasteté que votre condition moi-nesque vous impose, (elle n’en demande pas tant). Le myticisme, tant qu’il ne devient pas prosélyte, lui convient ! Arf ! Puis-je vérifier néanmoins que vous portez le kilt dignement ? 😆 😆 Pour l’ognon et le nénufar, nous en reparlerons, bien entendu ! Votre chère Aspho….

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        • Ma chère Aspho. Notre courrier de l’esprit (sinon du cœur) me va droit au pancréas et je ne vous crois pas quand vous évoquez ces années glissant comme un zéphyr sur votre parure épineuse. Quant à la vérification susmentionnée, vérifiez, très chère, il le faut pour éviter les fausses croyances et des duplicités malentendantes. Je vous attends à 12h33’45 secondes sur le pré !

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          • Asphodèle dit :

            Mon cher Sibé, zut de zut, palsembleu et cochenilles, j’ai loupé ce rendez-vous magique ! Tsss tsss, c’est le mois écossais dans la blogosphère (et d’ailleurs je dois aller cuire mes shortbreads pour le repas dominical de demain), Le Pr Taurus ayant je crois fait dans le salé, arf ! Donc une chère amie à moi, couturière émérite qui plus est et amoureuse de tissus, a présenté un livre sur le kilt et le tartan il y a 3 jours (je vous donnerais le lien si cela vous intéresse et je n’en doute point), dans ce recueil estampillé Scotland, il est bien précisé que sous le kilt des hommes des clans « se trouve l’honneur » des dits hommes !!! 😆 Mais nous pouvons convenir d’un autre rendez-vous (vous pensez bien) dès que vos activités le permettront ! 😉 Votre très chère Asphodèle 😆

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  6. jobougon dit :

    Fou le sentimental ? Sibelius est on ne peut plus en forme pour ce mois des fous.
    L’affaire du crannog en viendrait-elle à s’élucider pour de bon ?
    Je suivrai l’intégrale de ce grand détective avec passion tant qu’il aura des missions impossibles à résoudre. Et me languis déjà de lire la prochaine.
    Toute ma délectable amitié, très chère Anne.

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    • Soif d’idéal ? Attiré par les zé-toiles, des voiles, des idées pas commerciales sur des routes pas banales. Il siffle un air jovial pour dérider l’occidental, tout en trapézoïdal et c’est pas de l’artisanal, non, c’est du pyramidal, son torse cardinal ! Déjà soumise à l’arbitral de l’enquêteur original, cette attention subliminale vous décollera du piédestal pour vous envoyer, amie fatale, dans un délire très zodiacal. Ca promet du triomphal ! A vous relire bientôt, oh subliminale, et vous atteindre d’un pas martial dans un geste théâtral sans l’aide de phénobarbital !

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  7. Rx Bodo dit :

    Loup-phoque, c’est un mot composé, n’est-il pas?

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  8. monesille dit :

    Dans la vallée, oh, oh !
    Les avais-je bien agités devant ta plume, ces mots composés, chère Anne ?
    Je me régale, je me régale,et de droit et de droit ! et puis à gauche aussi ! et puis je vais me reprendre un petit café, pour le fun-oculaire !
    Bisous hilares !

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  9. Ping : Agenda ironique de Mars-ça se précise | monesille

  10. Xtra, chouette métaphore ! Laisse le robinet ouvert maintenant 😉
    Kisses, see you soon
    PS: Avec ou sans chorizo, la soupe à l’ognon ?

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  11. Françoise Lesage dit :

    Ouf, tu revis… L’oiseau a retrouvé sa plume Ca me fait plaisir

    .. et ça ne m’empèche pas de faire une grosse baise.

    >

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  12. Nico dit :

    Je vais relire l’épisode précédent pour me rafraîchir la mémoire. Ravi de ton retour Anne. Tu n’as rien perdu de ta truculence, ta prose est toujours aussi débridée et imaginative !

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  13. J’ai fait un sondage et, à part Martin qui ne s’en souvient guère, tous les autres moi compris applaudissent au retour du héros à bure et de son adjoint moins souple mais quand même… Flanagan, qui ne comptait pas s’occuper de la partie Ouest du crime mondial tant qu’il n’avait pas fini la partie Est me fait dire qu’il veut bien en céder l’usu-fruit à l’exceptionnel Sibelius, autre détective à l’oeil aguerri -mais moins que Martin apparemment-, le sifflet perçant et le mollet tout en prestance !!
    Qu’il est bon de le relire !!

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    • Chère Patte, Sibelius me fait dire qu’il n’a rien à envier ni en qualités épileuses ni en parfaite prestance ni en flair intégral ni en œil de lynx japonais à son homologue, concurrent et néanmoins ami ce brillantissime Flanagan-Johnson dont les enquêtes sont réputées de par le monde entier, Est-Ouest, Nord-Sud coréen, intérieur cuir compris. Bien des salutations distinguées et remerciements épatés et cela jusqu’à la 7e génération.

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  14. martine dit :

    Ah te voilà, toi !
    Ben je peux dire que tu m’as manqué. Le professeur Taurus opine du chef ; il s’ennuyait tant qu’il s’était auto-proclamé retraité à vie et qu’il avait congédié Mademoiselle Dithyrambe (laquelle s’est réfugiée dans un couvent).
    Laisse-moi juste le temps de récupérer ma cornemuse qui battait la campagne pendant ton absence, et d’alerter la compagnie des aventuriers de l’arche perdu au fin fond du loch.

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  15. Leodamgan dit :

    Ah, depuis le temps… Cela fait presque un an mais on n’est pas déçus par « Anne, le retour! ».
    Tu es vraiment dans ton élément avec ce thème de concours (non que je doute de ta santé mentale, hein…)!

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    • Merci Mo, ça fait plaisir d’avoir des fans qui reviennent même après un temps certain ou un certain temps dont on n’est d’ailleurs pas absolument maître, n’est-ce pas ? Et Sibelius m’a remonté le moral et les bretelles, alors je me suis laissé faire…

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  16. LydiaB dit :

    Ah, mais quel plaisir de pouvoir lire à nouveau ces aventures ! Je me marre à chaque fois.

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  17. Pierre Nguyen dit :

    Ah ah toujours aussi folledingue, ta prose … Car ça, le p du galop (le P) ne se trouve pas dans le sabot d’un cheval, où il n’y a qu’un T, mais ça se trouve bien dans le « pas » d’un cheval où il y a un P comme pierre … Ce dont … Est-ce qu’un tartan pion, ça pourrait exister? Je sais pas moi, un surveillant en jupette écossaise pourrait en être un…

    Pierrot

    Envoyé de mon iPad

    >

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    • Je remercie un de mes plus fidèles amoureux pour ses conseils que j’ai appliqués derechef à la lettre (et du coup, j’en ai légèrement modifié son commentaire afin de ne pas me faire passer pour une imbécile). Merci mon ami Pierrot ! Ca me fait plaisir de te lire.

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  18. Sibélius revient parmi les siens !!

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  19. Un régal de retrouver du grand Sibelius! Et Rombo est so cute!

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