Blanche Indulgence

la plongée

Ce sera un mardi. Je renouvèlerai à cet instant précis mon almanach de visites en pure poésie, une éclaircie de victoire, magnifique embellie  après des saisons de moussons !

Ne soyez pas mélancolique, Madame, vous ne sentirez rien. Que mon allégeance passepartout habituelle.

Je vais vous la faire bouffer cette serpillère usée jusqu’à la trame, bien profond comme un suppositoire dans le fond de votre gorge emperlée. Oh, farandole de plaisir !  Vous serez soulagée, enfin, car de vos pénibles insomnies, ce petit hoquet sonnera le glas.

Mais non, il n’y aura pas de coupable ! Le crime sera parfait. Juste un éparpillement syncopé d’indices préparés, mijotés par une intelligence supérieure dont vous n’avez même jamais eu la moindre parcelle d’idée. Pas une preuve tangible, un alibi en béton et aucun mobile, ça je vous le garantis !

C’est toujours le jeudi, jour maudit, que m’attend le tournoi perdu d’avance. Semaine après semaine, mois après mois, année après année, vous avez, sorcière, cristallisé un fardeau bien trop lourd à porter, une somme qu’il va nous falloir réduire à zéro.

Le microgramme de gentillesse ou de douceur, le zeste de prévenance ou de compassion, je les ai si longtemps espérés. Pour vous, affaires de tout-venant !

Où trouver plus avant la motivation à récurer cette satanée maison ?  À décrasser cette nauséabonde et indécrottable supériorité ? À laver puis faire sécher le linge estampillé de traditions d’arrogance et de suffisance ? Repasser vos humeurs malpropres, parlons-en de ce fer qui n’en a que le nom, qui souffle et ahane comme un vieux dindon. Et l’amidon, sur votre odeur, que je replie en tas pyramidal bien droit dans le bahut !

Bientôt, je serai libre, je ne respirerai plus votre sueur tropicale. Un courant d’air frais balaiera enfin les miasmes écœurants de nos liens cent fois reprisés et de vos économies d’humanité sonnantes et trébuchantes .

Finis les agacements à fleur de nos peaux, vos crocs aiguisés, grinçants de méchanceté contre les miens, sourires polis, serviles, oui Madame, bien Madame, tout de suite Madame, au revoir Madame.

Mon prénom est Blanche Indulgence, celui de ma douleur. Ma vie n’est que tempête et soumission basée sur un quotidien de tâches basiques. Je n’ai rien d’une dilettante. Ma tête est un champ calme et froid d’intégrales, de fractions pesées, de théorèmes. Minuscule est mon rôle, majuscule le calcul de mes haines. En somme une inspiration contre votre expiration, équation parfaite !  CQFD.


J’ai commencé ce texte avec les consignes pour les Plumes d’ Asphodèle ici

Les mots imposés étaient : jour, gentillesse, motivation, coupable, fer, almanach, visite, éparpillement, dilettante, farandole, insomnie, maison, passepartout, plaisir, poésie, éclaircie, tempête, mélancolique, serpillière, agacement, chaleur, respirer, minuscule et syncopé. Mais je suis hors délai. Néanmoins, tout n’est pas perdu !

Car, voici donc ma participation à  l’agenda ironique de janvier dont le thème blanc  est lancé par Patchcath ici :

Et puis, réécoutez avec délice cette chanson de Juliette Maudite clochette ici

 

A propos Anne de Louvain-la-Neuve

Anne d'un nulle part, ailleurs ici ou là, entre réel et imaginaire.
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42 commentaires pour Blanche Indulgence

  1. Ceriat dit :

    Ton texte est un vrai coup de serpillère bien essorée, j’adore. 😀

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  2. Leodamgan dit :

    Il me semble avoir posté deux commentaires que je ne vois pas apparaitre. Il t’ont déplu ou ils sont dans les indésirables ou alors j’ai rêvé les avoir écrits? 😉

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  3. Et voilà, si je ne m’abuse, que Blanche Innocence passe en tête la ligne d’arrivée des votations de l’agenda ironique !!
    un discours, un discours!!

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  4. jacou33 dit :

    Houlala, on en prend plein l’essoreuse, à lire ce texte revendicatif à souhait!
    J’adore!!!! 😀

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  5. Nico dit :

    Bravo pour ce texte. Ce n’est pas facile d’intégrer une série de mots imposés et de le faire tenir debout. C’est joliment ciselé !

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  6. Hum !!! Nettoyage à sec senteur Prud’hommes !!

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  7. Ping : LES PLUMES 48 – LES TEXTES DE JANVIER 2016, selon l’humeur du jour… | Les lectures d'Asphodèle, les humeurs et l'écriture

  8. Asphodèle dit :

    Ho la la (je recommence, mon comm’ a sauté^^), moi je suis très en retard pour venir te lire et tu ne m’as pas laissé ton lien pour les Plumes !!! 😥 Comment veux-tu que je fasse ??? Je ne savais pas si tu avais fini !!! Bouh ! Il est génial ce texte ! La serpillière vole haut chez toi, ça wassingue sec ! 😆 Bon je t’ajoute malgré tout ce serait dommage…Mais la prochaine fois, on laisse le lien en commentaires, sinon il me passe sous le nez !!! Heureusement que tu avais fait du deux en un toi aussi avec l’agenda ironique ! 🙂

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    • Mais je croyais que ça ne comptait pas puisque j’étais en retard ou alors, comme d’habitude, je n’ai strictement rien compris : je m’embrouille en tout, dans les dates surtout ! Bref, ma gratitude, belle Asphodèle, d’avoir répandu par-dessus ma tête sans cervelle cette bonne nouvelle de ma première participation à tes plumes ! La prochaine fois, je tâcherai de ne pas m’empatouiller les pinceaux. Vraiment un tout grand merci de ta lecture et de ton commentaire.

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      • Asphodèle dit :

        Mais non, c’est moi qui m’en veux de ne pas avoir pris le temps de t’expliquer (en même temps il y a un règlement, hum hum 🙄 ) mais sache que malgré ma règle en bois, j’ajoute TOUJOURS les retardataires d’autant que le 18 tu n’y étais pas tant que ça ! 😥 Allez, c’est oublié mais c’est dommage, les participants repassent rarement dans la semaine, sauf quelques égarés retardataires, comme moi !!! 😀 Bisous et bonne nuit !

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        • Mais bien évidemment que je l’ai lu le règlement et c’est justement pourquoi je n’ai pas laissé de lien sachant que j’outrepassais les règles ! Mais ne t’en fais pas. La prochaine fois, je pondrai dans les temps impartis par la gestation… ou pas. Je suis une lente à l’ouvrage : il me faut écrire, trouver l’idée et la (re)formuler, tout cela dans l’ordre. L’égarée retardataire (bibi!) tentera de retrouver les miettes de pain que le petit Poucet a mais sur la route pour ne plus se perdre dans les méandres du temps. Merci Asphodèle…

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  9. Ping : Agenda ironique de l’an neuf (mais seize) et du mois Blanc – patchcath

  10. patchcath dit :

    Tu portes bien ton nom « Blanche Indulgence »
    Heureusement ! Chère Anne

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  11. Ping : Agenda ironique de l’an neuf et du mois Blanc – patchcath

  12. Rx Bodo dit :

    Comme d’habitude, quand je vous lis, je suis baba, je me retrouve sans mot. Surtout que là, j’ai bien failli me prendre la serpillière en plein visage. C’est du propre.

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  13. jobougon dit :

    Bien balancé ce texte. J’ai envie de conseiller Blanche en ce qui concerne le produit miracle à décaper qui n’est autre que « Monsieur P….. » dont ma préférence va à la fraîcheur citron.
    Après Blanche la tornade blanche… Lol !
    Bises Anne

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  14. CQFD. Ce Qu’il Fallait Deviner ?
    Je crois que je repasserai car Jean-Pierre mon latin.
    /Lolo, blanc comme un linge, mais vibrant comme une corde sympathique au rythme de tes textes syncopés.

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  15. 'vy dit :

    L’écriture, oui, bien sûr, mais le dessin aussi.

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  16. monesille dit :

    Les premiers seront les derniers c’est bien connu, et cela valait la peine d’attendre, car ça aurait été vraiment un manque de chance de ne pas connaître l’ironique façon des Belges d’utiliser les suppositoires 😀 Je ne connaissais pas la chanson de Juliette, et cela donne une saveur toute particulière à ce texte méticuleux plié comme un tas de linge blanc lavé pas en famille.

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  17. loisobleu dit :

    Qu’un porte sa pendule, l’autre fera ni l’heure d’été, ni l’heure d’hiver, l’heur juste, tout simplement.
    N-L

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  18. qu’est ce que c’est, un ou deux jours de retard ? pas grand chose… et puis là, il sont contrebalancés par les deux ou trois jours d’avance sur l’agenda blanc de Patchcath 🙂
    allez, un peu de (banche) indulgence ; la procrastination vaincra !

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