Mr and Mrs Snow étaient assis juste derrière leur guide Liam qui venait de franchir avec le 4×4 le troisième gué en dix minutes de ce début de journée en scandant la même phrase : Tenez-vous, ça va secouer (en anglais). Il faisait 12 degrés et un vent sec et glacial fouettait les joues parfaites de Mrs Snow, capuchon de sa parka hermétiquement lacé autour de la tête, couverture bien serrée autour de ses jolies jambes. Mr Snow tenait ses jumelles de ses mains fermes sculptées dans des gants de peau brune. Il parlait peu, tendu vers le but ultime de ce safari en Afrique du Sud, apercevoir les big five, et ramener à leurs amis Wasp d’Abernathy (Texas) la preuve visuelle de la réussite en tous points de la célébration de leurs 25 ans de mariage. Cela se devait d’être fabuleux et le serait.
Jusqu’ici, rien à l’horizon. L’autre guide qui s’appelait Themba s’était comme à son habitude posé, comme en lévitation, sur son siège minuscule accroché sur l’avant du véhicule. Rien ne le déstabilisait ni les trous profonds, ni le terrain parfois sablonneux et traitre, ni les branches piquantes des acacias, ni les profonds dénivelés. Il tournait son cou à gauche et à droite de manière continue et ininterrompue : on pouvait compter sur lui, il repérait dans le noir un black mamba à 40 mètres, déambulant traitreusement dans les buissons. Pas plus tard qu’hier soir, il avait aperçu une civette alors que la nuit noire et profonde avait déjà étendu sur le bush son bras inquiétant.
Le couple d’Américains avait comptabilisé deux des cinq big five. Ils avaient vu plusieurs éléphants, ça faisait un, et deux rhinocéros noirs, une femelle et son petit né dans la réserve, le tout comptant pour deux. Restaient le buffle, le léopard et le lion. Liam venait de s’arrêter : à cette place, une peau de buffle justement gisait, seule trace d’un rituel sacrificatoire léonin.
Le 4×4 qui s’apparentait davantage à un tank avait repris sa route cahotante quand Themba repéra le camouflage très réussi de quelques girafes.
Mrs Snow détesta immédiatement cet animal disproportionné, aux pattes ectoplasmiques et à la tête ridiculement petite. Sa hauteur d’abord lui déplut souverainement. Être aussi grand dans un monde où l’humilité est une valeur pour tout bon chrétien reste suspect. Cela s’apparente à de la concurrence avec le Très-Haut. Elle s’adressa à Liam sur un ton sans appel, cet animal est laid, il me fait peur, il est trop grand.
Tentant de rassurer la dame, Liam expliqua aux touristes du jour que les girafes étaient des animaux paisibles, qui pouvaient également se défendre contre les lions par la grande agilité et la force de leurs pattes, qu’elles n’étaient pas très futées (plus que les autruches tout de même !) mais cela n’en faisait pas un critère de grande pertinence puisque la nature leur avait donné d’autres atouts : leur vue étendue et perçante sur l’horizon était recherchée par leurs amis les zèbres qui, eux, guettaient les dangers au ras du sol. Et surtout, ces charmants animaux étaient herbivores.
Pas rassurée pour un dollar, la dame inquiète tournait en tous sens ses yeux bruns affolés quand soudain, elle s’arrêta de respirer et pointant un doigt tremblant vers le ciel hoqueta : Ces horribles bêtes ne sont pas herbivores !
Le guide souriant expliqua alors qu’une girafe enceinte suçait les os des cadavres trouvés sur le sol pour aider à la calcification des membres du futur girafon. Il ajouta « amazing !» comme à son habitude quand cette surprenante nature le bouleversait, car ce qu’il leur était donné à voir à cet instant était rare, un privilège en effet d’assister à cette mastication. Mrs Snow ne voulut jamais le croire et s’en retourna aux Amériques avec la certitude que leur guide n’y connaissait rien et les avait roulés sur la marchandise.
Amazing’ !
est-ce qu’une girafe enceinte qui ne trouve pas de cadavre peut en fabriquer soi-même ? (genre coup de genou dans le cou d’un gnou ?)
bon, après, il reste encore à enlever tout ce qui n’est pas de l’os….
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Voilà une nouvelle enquête qui pourrait se révéler passionnante… Merci du commentaire dodu dodo.
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tant que la girafe ne se sustente pas d’os de dodo 🙂 !
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*** Gros soupir ***
Ah, les souvenirs émus du Kruger qui remontent à la surface.
Bon, hein, une peau de buffle et des traces de dents de lion ou de léopard, ça ne compte pas.
On est donc à 2 sur 5 et les époux Snow (quelle idée d’aller en Afrique du Sud en … hiver!) vont devoir nous raconter plus avant leurs (més)aventures.
Manquent aussi à l’appel les dangereux hippopotames, les autres rampants crocos, les singes à puces, les innombrables oiseaux, les autres bestioles à pattes bondissantes, les phacochères (et les moins chers aussi), etc.
Alors? A quand?
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Ca vient mais la ponte est laborieuse…
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Dis donc, je reste sur ma fin-là ! A quand la suite des aventures de Mrs Snow ?
Et donc André a des mains fermes sculptées dans des gants de peau brune … ?
Vivement la rentrée photos. 😉
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Merci mon Lolo pour tes vœux d’anniversaire et tes commentaires hautement pertinents. Je viens de poster une video sur Facebook avec une scène éléphantesque ! La suite arrive…
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Très très très bon….On s’y REcroierait…..
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Géniale ton histoire de girafe qui tombe sur un os… Encore des histoires stp !!!! Gros bisous et à plus! Pierrot
Envoyé de mon iPad
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On s’y croirait. Le couple de touristes est aussi réaliste que les photos d’animaux. C’est inspiré d’un souvenir de vacances?
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Comme vous dites. Nous en revenons et nous avons réellement vu de nos yeux vu cet animal à l’os et entendu cette histoire provenant du guide et que j’ai arrangée à ma sauce moutarde. Incroyable, non ? Merci de votre commentaire toujours apprécié.
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