La bonne samaritaine – épisode 1

11. avocat et haricot-croix 2

Ce matin, j’ai trouvé deux charriots de supermarché (appelés caddies en Belgique) lors de ma promenade autour du lac. Ils gisaient là, abandonnés, l’un baignant dans son jus – quelqu’un venait de le retirer de l’eau – et l’autre de guingois près d’un banc, avec les 50 cents coincés comme une miette entre les dents du barillet. C’est la dernière mode des étudiants de Louvain-la-Neuve. Ils transportent leurs bacs de bière et autres bouteilles d’alcool, chips et compagnie jusqu’à l’endroit idoine. Ils boivent, flanquent tout par terre, et hop, les bacs de bière vides et les caddies dans l’eau du lac, terminé, pas de traces, pas d’empreintes, au revoir Georgette.

Naturellement, une autre que moi aurait passé son chemin. C’est sans compter sur mon tempérament militant, la fleur au fusil de l’écolo pur jus de fruits frais bio. Je décidai tout de go de faire mon devoir : ramener chez moi les deux charriots en commençant par celui dont la pièce de 50 cents me fait un clin d’œil. Pas folle l’Ardennaise. Il n’y a pas de petit profit : je sauvegarde l’environnement et fais montre de citoyenneté tout en empochant le bénéfice de ma bonne action.

Le hic, c’est que non seulement ça monte sec pour rentrer chez moi mais ce sentier de bric et de broc, mi-terre, mi-pierres, n’est pas très praticable avec un caddie et un chien en laisse qui tourne autour et s’emberlificote dans les roulettes. Dieu que c’est dur ! Esquintée par l’équipée, en nage, je décide alors avec mauvaise conscience d’abandonner l’autre à son triste sort des bords de l’eau.

Mon rapatrié, quant à lui, devait rester 15 jours devant la porte de la maison, suscitant une question idiote et unique, chez toutes les personnes sensées sonnant à ma porte : tu voles des caddies maintenant, Zézette? Pour m’en débarrasser, je suis finalement contrainte de l’abandonner sur le quai de déchargement de l’Esplanade en suppliant d’abord mon voisin de m’aider à l’installer dans le coffre de ma voiture minuscule, puis en implorant un camionneur de m’aider à l’en extraire. Ainsi, la mort dans l’âme, je me dis que je ne vaux pas mieux que les sagouins précédents. Au milieu des camions de déchargement de ce quai lugubre, je ne récupère même pas la pièce de 50 cents !

Et vous qu’auriez-vous donc fait à ma place ?

A propos Anne de Louvain-la-Neuve

Anne d'un nulle part, ailleurs ici ou là, entre réel et imaginaire.
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2 commentaires pour La bonne samaritaine – épisode 1

  1. Moi j’aurais repris les bacs de bières, y’a une consigne de 4,5 euros. Bien plus intéressant, mais faut nager si j’ai bien compris 😉

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  2. Denis Danielle dit :

    Ben ça c’est sûr : JE NE L’AURAIS JAMAIS PRIS !!!! Enfin quoi ????!!!!…..

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