Il faisait très nuit vers minuit. Le lac de Louvain-la-Neuve plâtrait notre horizon de la noirceur de ses eaux vaguement ondulantes sous les aboiements mélodieux des bernaches du Canada et le tempo rythmé des coassements des crapauds. Nature paisible, enchanteresse, béatitude magique. Nous avions chanté un quasi parfait Requiem de Mozart et nos voix célestes avaient envouté un public conquis d’avance à nos prestations illuminées. Oh lac et tes reflets chéris, les halos mystérieux de lune parcheminée, ce petit chemin longeant les sombres bosquets même pas étranges quoique pénétrants, pas même inquiétants à nos yeux d’initiés….
Soudain, nos rêveries romantiques et musicales concentrées s’interrompent d’un « Gueule-en-terre-sales-bleus » impromptu nous obligeant à nous retourner in petto : est-ce à nous qu’on s’adresse ainsi irrévérencieusement ? Que nenni par chance !
Cette voix tonitruante trouant le calme serein appartient à un Dieu tout puissant descendu de sa noire Olympe et tout de blanc vêtu. Calotté et sévère, il traine à ses pieds, une bande d’adorateurs rampants soumis et noirs de crasse « Et léchez maintenant : la table n’est pas assez propre ! » (sic). La masse à genoux de se coucher dans cette pelouse boueuse où s’étalent étrons de chiens encore frais et canettes abandonnées, et de racler de la langue très consciencieusement la farine, les œufs cassés ou le reste, abandonnés tout exprès pour eux, misérable et abjecte pâture pour servile bétail sans cervelle.
Ah, qu’il est doux d’offrir ainsi son corps et son âme à son idole ! Quelle récompense peut-on espérer de tant d’abnégation ? Une suprême gratification divine : l’intégration au sein du sacrosaint Groupe.
Bénis soient-ils tous les bienheureux, toutes les bienheureuses qui par les humiliations, la crasse, l’alcool, la complète et parfaite soumission, l’obéissance absolue et l’abandon de toute velléité d’égo, « toute honte bue, toute » auront gagné leur place au sein de l’élite de l’élite : l’Univers-s’y-terre.
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…fleuron de l’élite….
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